Alice May
Date d'inscription : 28/06/2013 Messages : 30 Localisation : Nordri - Ville basse
Emploi : Barmaid - Danseuse - Duelliste - Et plus si affinités Faculté : Téléportation (sur un rayon de 100 mètres). Maîtrise : Correcte
| Sujet: Alice May – Round 3 Lun 1 Juil 2013 - 18:26 | |
| L ' I D E N T I T E (c) |
“ NOM : May “ PRENOM : Alice “ AGE : 19 ans, mais paraît que j'fais un peu plus jeune. “ RACE : Ase clandestine. “ EMPLOI : Barmaid au Wild Thing, mais j’ai enfin réussi à les convaincre de m’laisser entrer dans l’arène pour quelques petits combats apéritifs. J’compte leur en foutre plein la vue, et rapidement monter en grade. Pis à côté d’ça, je danse des fois au Kraken. Et encore à côté d’ça… des magouilles et des combines, la vie d’la rue quoi. “ LOCALISATION : Fraîchement débarquée à Nordri (depuis environ un mois).
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J'peux me téléporter sur un rayon d'environ cent mètres. J'suis devant toi, et pouf, l'instant d'après j'te tape sur l'épaule, dans ton dos. On peut pas dire que j’contrôle le truc à fond, vu qu’ma capacité se déclenche un peu n'importe comment quand je subis une émotion forte, mais j’me suis bien améliorée là dessus, ces derniers temps.
De toute façon, pour les duels, ça m'arrange plutôt bien : avec la peur et l'adrénaline, j’me déplace presque instinctivement, et j’réussis pas mal à esquiver les coups. À ce niveau là, vu que j'm'entraîne intensivement, j'suis plutôt contente de moi, surtout en le combinant aux petites acrobaties que ma souplesse me permet...
Par contre, pour c'qui est de transporter quelqu'un, c'est niet ! Le plus gros truc qu’j'aie réussi à déplacer avec moi, c'est mon sac. Pour c’qui est du retour de bâton, à part le fait qu’mon pouvoir soit en grande partie contrôlé par mes émotions, le truc, c'est qu'il m'demande pas mal d'énergie.
Du coup, j'suis obligée d'avoir tout l’temps plein d’trucs à grignoter sur moi... Si j'bouffe pas pendant une heure, c'est bien simple, non seulement j’peux plus me téléporter, mais j'finis par tomber dans les pommes, et autant dire qu’dans ces conditions, j'suis aussi vulnérable qu'un chaton.
M'enfin, j'prévois toujours du rab': quoi qu’il arrive, mes poches et mon sac débordent de barres protéinées, et j'ai aussi sur moi une petite boîte qui m’quitte jamais, remplie de nutriments en gélules, pour les situations désespérées...
L ' E S S E N C E A L L U R E - G E N E R A L E Physiquement, j’suis une fille. Et, ouais, ça m'fait un peu chier, si tu veux savoir. Parce qu'on a toujours tendance à m'juger, à me croire faible et manipulable, et à vouloir m'empêcher de faire les trucs que j'aime. Mais à part ça j’m'en fous un peu. J’fais jeune, avec une bouille ronde : des lèvres pleines, un p’tit nez, des yeux pétillants... On m’prend souvent pour une gamine.
Pour compenser, j’me coiffe pas et j’porte des vêtements de gueuse ; jeans troués, t-shirts béants, vieilles grolles et sweats amples, dont les poches sont toujours remplies de diverses friandises très sucrées et ultra-protéinées. Enfin, ça, c'est dans la vie d’tous les jours.
Quand j’bossais au Seven, et encore aujourd’hui dans les quelques rades que j’fréquente, c'est tenue de pouffe obligatoire. C’qui m'emmerde sérieusement, parce que j’suis pas tellement à l'aise avec mon corps : ni masculin, ni franchement féminin... Pas femme fatale, en tout cas.
J'ai quelques formes, hein, faut pas croire, mais c'est sûr que c'est pas les courbes de ma mère, et j’suis vraiment à l'opposé d’la bombe sexy qu'on s’rait en droit d'attendre. Pas beaucoup de nichons, pas d’cul bombé, hanches étroites, côtes apparentes et membres aux muscles secs… Mais j'suis très souple (rien à voir avec les prouesses de ma mère, n'hallucine pas) et faut croire qu’ça passe pour certains, en tout cas assez pour me rapporter un peu de fric et qu’ma mère soit satisfaite.
Enfin, quand j'rentre dans la peau de Wildcat, là c'est autre chose ! J'évite le grand déballage du costume de scène, en m’contentant de vêtements gris sombre, fluides et pratiques, des trucs neutres qui pourraient m’faire passer pour un mec, et j’porte un masque-cagoule à tête de chat qui m’couvre tout l’museau. Parce que faudrait pas qu’on sache que l’gringalet qui dérouille des gros bourrins au Wild Thing est en fait une p’tite nana qui s’dandine aussi au Kraken.
D'après la plupart des gens qui m’connaissent, j'suis une emmerdeuse. Ouais ben c'est juste qu'y faut pas m'faire chier. J'ai la colère violente, et la détente facile. Mes coups de sang sont p'têtre souvent exagérés, mais ils ont le mérite d'être brefs, et de retomber aussi vite qu'ils ont décollés. J'suis pas une fille rancunière, faudrait vraiment m'faire une grosse crasse pour que j't’en tienne rigueur.
Et pis j'ai une grande gueule. J't'ai dit, j'aime pas qu'on m'cherche des noises. Mes insultes sont très imagées, j'aime gueuler tout haut c’que les autres osent pas cracher, et j'ai pas pour habitude de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Classe ça dans mes défauts ou dans mes qualités, j'm'en cogne.
J’suis aussi très fière, et si y a un truc qui me tape sur le système, c'est d’me sentir dominée. Ça arrive, évidemment, mais ça m'fout dans des états pas possible. J’supporte pas. Je peux être aussi un peu jalouse, mais j'préfère passer sur ce détail là, si ça t'fait rien. De toute façon, c’est du passé. J’suis bornée, mais on peut aussi appeler ça de la persévérance, tout est relatif, comme on dit.
Pour c'qui est de mes ambitions... bah, j'aimerais bien réussir à m'faire un vrai nom au Wild Thing, parce que j’avais déjà réussi à m’faire ma p’tite réputation au Blue Plague, et qu'ensuite plus personne osait s'foutre de ma gueule. La castagne, c'est ça qui m'plaît. J'suis plutôt du genre garçon manqué, et j'ai tendance à vouloir régler tous mes problèmes avec les poings.
J’héberge une bonne masse de colère bien poisseuse à l’intérieur de moi… Alors les duels, c't’une bonne façon de canaliser toute cette énergie. J’aime bien tous les trucs dangereux en général. Tout c’qui m’fait oublier où j’suis maintenant, et c’que j’ai perdu en quittant mes Fav’… Ou, comme vous les appelez maintenant, District 013.
Ma mère m'a toujours dit: «Alice, te laisse jamais embobiner dans un truc plus gros qu'toi. Réfléchis par toi-même, et laisse surtout pas les autres le faire à ta place». Ben j'ai toujours suivi ce bon conseil, même quand c'était à ses dépends.
J'ai jamais connu mon père. J’sais pas comment ma mère a fait pour pas avoir Pulcis, elle est clandestine aussi donc c’était p’têtre comme pour moi. Toujours est-il qu’mon géniteur l’a abandonnée aux premières nausées matinales. J'm'en porte pas plus mal, paraît qu’c'était qu'un salaud, et j'veux bien l'croire. J'en sais pas plus sur lui, à part qu’c'était un vane. Sûrement pour ça qu’il a pas voulu assumer, d’ailleurs. Il devait s’douter qu’le gosse à naître f’rait pas un bon citoyen du Quadra.
Ma mère, c'est Liane. La seule, l'unique, mais vous, les gars du nord, z‘en avez sûrement pas entendu parler. Pas encore. C't’une ase, comme moi, et son truc, c'est la flexibilité. Elle est plus souple qu'une couleuvre, et quand elle danse, elle a ce charme hypnotique qui fait qu'on peut pas s'empêcher d’regarder qu'elle. À Sudri, c’était une reine sur un tas d’fumier. Mais même aujourd'hui, à 35 ans et à Nordri, elle trouve encore son public, qui vient jusque de la Ville Haute rien qu’pour la voir.
Je sais bien qu’ma naissance était pas vraiment désirée, mais elle me l'a jamais montré et m'a toujours apporté tout l'amour dont elle était capable. J’sais pas grand chose de son passé, ni d’comment elle a réussi à échapper à L'Ombilicus et au Wotan, parce qu'elle reste toujours très évasive sur sa jeunesse, et avec le temps j'ai appris à plus trop poser de questions.
Quand j’suis née, elle a fait tout c’qui était en son pouvoir pour qu'je sois pas déclarée, et comme tu peux l'voir, elle a réussi. D'après elle, y a rien qui justifie que les types qui gouvernent sachent ce que je suis, et ça m'a toujours suffit comme explication, parce que j'ai été élevée avec. Pas d’hôpital, pas de toubib, elle a accouché à l’ancienne, c’qui fait qu’personne a rappliqué pour m’faire tester.
J’suppose qu’à l’époque, elle habitait aussi dans les Fav’, et qu’elle était entourée de gens d’confiance, parce que personne a mouchardé. J'ai même un badge qu'elle a réussi à s’procurer j’sais pas trop comment, et ça fonctionne dans la plupart des situations. Bien sûr, j’me fais discrète, j'évite de tracer trop souvent dans la Ville Haute et dans les coins à skulds, mais jusqu'à maintenant j'ai eu aucun problème.
Pendant des années, ma mère a été persuadée qu’j'avais hérité d’son don, parce que ça faisait de moi sa fille, à elle seule, et pas celle d'un connard de vane qui l'a abandonnée quand elle était encore trop jeune. Du coup, elle m'a imposé un entraînement vraiment sérieux, auquel j'avais pas l'droit d'échapper, pour développer ma force et surtout ma souplesse.
Au bout d'un moment, il est devenu évident que j’concourais pas dans la même catégorie qu'elle, mais j'ai continué à faire semblant, parce que j'avais peur qu'elle m'aime plus si j’me montrais pas digne de ses soins et d’son attention. J'étais petite et j'avais tort, mais même maintenant j’continue à essayer d’lui faire plaisir, parce que j'arrive pas à m'ôter d’la tête l'idée que j'suis vraiment chanceuse qu'elle m'aie pas abandonnée à la naissance. Surtout maintenant, en fait.
Mon pouvoir, j'crois que je l'ai toujours eu en moi. Déjà tout bébé, ma mère me découvrait parfois en dehors de mon berceau, alors que tout le monde jurait ne pas m'en avoir fait sortir. À cet âge là, ça m'arrivait très rarement, et heureusement parce que c'était vraiment dangereux. Et puis, j'avais tout l'temps faim aussi. Elle avait beau me nourrir, j'en réclamais encore, toujours plus.
Vers l'âge de six ans, ça a commencé à arriver plus fréquemment, et j'crois bien que c'est à cet âge là que j'ai pris conscience de ce dont j'étais capable. Quand j'étais très énervée, ou que j'avais peur, ou même quand j'étais vraiment super contente, je m’retrouvais quelques mètres plus loin, comme ça, tout d'un coup. Au début, j'avais vraiment l'impression qu’c'était juste instantané. J'étais quelque part, je clignais des yeux, et l'instant d'après je les rouvrais ailleurs. Je comprenais pas vraiment comment ça se passait, et ma mère ne m'y a pas vraiment aidé, vu qu'elle tentait toujours de s’persuader qu’j'avais le même don qu'elle.
À force de me concentrer là dessus, j'ai fini par repérer les p’tits fourmillements, comme des décharges d'énergie minuscules mais extrêmement puissantes qui couraient dans tout mon corps. Une fois ou deux, j'ai réussi à l’provoquer vraiment. Et pis un jour, j'ai atterri à l'endroit exact que j’m'étais efforcée d’visualiser pendant près d'une demi-heure. Vers onze ans, j'en ai fait une obsession, j’passais des heures comme ça, le visage fermé, les sourcils froncés, à essayer de m’déplacer. Et j'crois bien qu’ça a payé, parce que j'ai fait de beaux progrès. Maintenant, j'y arrive à tous les coups, et la distance que j’pouvais parcourir s'est un peu étendue.
J'ai aussi eu l'occasion de tester mes limites... Si j’mange pas pendant plus d'une heure, je peux plus me téléporter, et au bout de deux heures sans bouffe, je tombe dans les pommes... J'vous dis pas les frayeurs que j'ai déjà fait à ma mère ou à Zach, au début ! Aujourd'hui, l’truc que j’veux réussir à éliminer complètement, c'est les transitions involontaires lorsque j’me laisse dominer par une émotion, parce que pour l'instant j'y passe encore souvent, c’qu’est assez problématique vu qu’j'ai facilement des accès de colère qui m'font glisser d'un endroit à l'autre sans que j'puisse y faire grand chose.
J'ai grandi à Sudri, dans les Fav', aux alentours du Seven, c'était mon territoire et j'en connaissais toutes les règles. Ma place, j’me la suis faite à coups de poings, parce que ça a toujours été le seul moyen d'se faire entendre... Mais toute seule, j'y serais jamais arrivée. Y avait Zach, un gosse du quartier, qui m'a pris sous son aile quand j'avais quoi, 10 ans ? Même s'il était plus grand qu’moi, à l'époque on était inséparables, toujours à courir dans les rues et à faire les quatr' cent coups ensemble. On se battait comme des chiffonniers, c'est lui qui m'a tout appris sur la façon d'cogner quelqu'un.
Après... avec les années, c’est devenu différent, et un peu avant qu’on doive quitter Sudri, on s'entendait moins bien. Ça m'emmerdait, parce que tout prenait des proportions pas possibles, alors qu'avant il suffisait qu'il m’passe la main dans les cheveux, que j'lui file un coup de poing dans les côtes, et on repartait comme au début. Du coup, on s'voyait un peu moins... Mais même si ça m'rendait triste, ça m'arrangeait aussi : il était pas au courant pour le Blue Plague...
Que j't'explique : le BP, c’était un club de duels réservé aux ases, dans les bas fonds des Fav'. Ouais, comme le Wild Thing, s’tu veux. En mieux, mais bon, bref, on va pas rentrer dans c’débat là. Au début, personne me prenait au sérieux, parce que j'étais qu'une sale gamine qui croyait pouvoir se mesurer à des gros tas de muscles. Après qu’j'aie réussi à moucher mes trois premiers rivaux, ils ont moins rigolé... Crois pas que j'me vante, faut savoir que j'me suis pris aussi un sacré paquet de gnons qui m'ont souvent foutue K.O. Mais j'ai une bonne expérience de la baston, je suis agile et vraiment souple, alors si j’combine ça avec ma capacité, ben j'peux vous dire que j'suis assez efficace. Et surtout, j'aime ça.
Ce qui était cool avec le BP, comme au Wild, c'est qu'à peu près tous les coups étaient permis, et moi j'ai aucun scrupule à frapper là où ça fait mal, surtout qu’j'ai l'habitude de me mesurer à des mecs. Crois-moi ou non, j’m’étais fait un nom dans c’rade. Enfin, un faux nom. Je combattais sous le pseudo de Chinook, à l’époque. Et masquée, bien sûr, pour qu’on croie qu’j’étais un gars. Bon, j'étais carrément à mille lieues des têtes d'affiche et des légendes du club, mais j'y croyais fort, et un jour, j'en aurais fait partie, c’est sûr.
Zach était pas non plus au courant qu’ma mère avait réussi à m’pistonner pour que j’danse deux soirs par semaine au Seven… Autre milieu, autre job, j’faisais du pole dance à l’occasion, dans ce club où ma mère était la reine incontestée. J'ai été élevée là-dedans, et c'est un endroit où j'me sentais bien... sauf quand j’devais monter sur scène. J’sais pas si t'as déjà maté ma mère, mais c'est quelque chose qu'on voit qu'une fois dans sa vie... Et elle, elle mettait tous ses espoirs en moi, parce qu'elle savait qu'aux Fav', c'est pas facile de s'faire une place quand on est quelqu'un comme moi. Alors pour elle, me voir danser au Seven, c'était l'assurance de faire mon trou dans un endroit qui ne meurt jamais. Moi, j'le faisais pour lui faire plaisir, parce qu'elle y tenait vraiment, mais à côté d'elle je ressemblais à rien, et j'avais l'impression d'être qu'un ver de terre qui se tortillait autour d'une barre.
Bref, j'sais pas qu'est ce que Zach s'imaginait que j’faisais de mes journées du coup, p'têtre enfiler des perles, mais j'préférais le maintenir dans ses illusions que d’le laisser découvrir c’que j'trafiquais vraiment. J’avais ma p’tite vie bien rôdée, jusqu’au jour où l’inévitable confrontation est arrivée. Dans la même journée, mon pote a découvert que j’me castagnais au BP, ma mère aussi (en réalité, elle était déjà au courant, mais c’est une longue histoire), et Zach a également eu l’occasion de voir un de mes shows au Seven.
La honte totale, un vrai désastre, on s’est lancé des trucs à la gueule, le genre de sales mots qu’on regrette dès qu’on les a dits, des affirmations définitives et des adieux plein d’fierté bileuse. Sale quart d’heure. Après ça, on s’est plus trop revus, pendant quelques semaines.
Jusqu’à cette fameuse nuit.
C’est ma mère qui m’a réveillée, assez brusquement. J’ai tout d’suite su qu’un truc clochait. Elle était inquiète, ça s’voyait, et elle m’a juste dit de prendre quelques affaires, toute la bouffe que j’pouvais trouver, et d’me grouiller. J’me suis exécutée sans discutais, j’avais pigé qu’un truc grave se tramait. En bas, y avait Bee, Jenny et les autres employés du Seven, mais aussi Thanos, Mok, et pis enfin Zach et son grand père, les yeux encore tout bouffis d’sommeil. On est partis comme ça, sans un adieu à cette cité crasseuse qui nous avait vu grandir, un petit groupe hétéroclite qui s’est agrandie quand on a réussi à franchir les murailles.
On aurait dit qu’ma mère et Thanos connaissaient tous les secrets d’la ville, ses raccourcis et ses passages secrets. J’ai appris plus tard qu’ils avaient été rencardés. Il faisait plus bon vivre à Sudri, encore moins qu’avant. On avait pas d’autre choix, alors on s’est avancés droit dans la jungle. Destination : Nordri. C’était suicidaire. Désespéré. J’comprenais pas encore ce qui nous tombait dessus, mais j’ai eu tôt fait de devoir m’adapter.
Dès la première nuit, dans l’immensité verte, on s’est fait attaquer par un truc, ou des trucs. Des gouailles, dit Mok, mais j’avoue que c’est allé trop vite pour que j’puisse le confirmer. Trois personnes sont mortes d’un coup, dont Lou. Après, je sais plus, c’était le chaos total. Tout l’monde courait, on avait été pris par surprise alors que la plupart dormaient, on n’a pas pu récupérer nos affaires, on a juste couru comme des dératés, pour sauver notre peau. Quand on a fini par s’arrêter, il manquait plein d’monde, on s’était tous éparpillés.
J’étais avec Bee et Mok. On a erré jusqu’à la fin d’la nuit, épuisés, et à un moment, ma mère et Thanos nous ont retrouvés. On est tombés dans les bras les uns des autres, j’avais cru jamais revoir ma mère. Le lendemain, c’est Jenny qui nous a rejoint, et dans les jours qui ont suivi, on a encore pu rassembler trois personnes : Vanda et Birdy, un couple de vanes, et Raph, un jeune tatoueur des Fav’. Mais aucune trace de Zach ou Romani. P’têtre qu’ils avaient eu le temps de s’échapper, p’têtre qu’ils erraient eux aussi dans cet océan d’arbres et qu’ils nous cherchaient… C’est ce dont j’cherchais à me convaincre, mais à mesure qu’les jours passaient, il nous est arrivé deux fois d’tomber sur des cadavres de gens avec qui on était partis, et l’espoir s’amenuisait.
La traversée… C’était très long, et très éprouvant. Surtout pour moi. J’avais réussi à emporter mon sac à dos rempli d’bouffe et d’gélules, mais on savait tous qu’ça m’suffirait pas pour tenir jusqu’à la fin. Mais ma mère, Jenny et Thanos ont été incroyables. Ils évoluaient dans c’monde comme si c’était naturel, presque avec autant d’aisance que quand j’crapahutais dans les Fav’, à croire qu’ils y avaient passé leur jeunesse.
Thanos était capable d’chasser des putains d’perroquets, pour te dire ! Et il avait amené une sorte de machette, comme s’il savait c’qui nous attendait, parce qu’ça nous a bien aidés à progresser au milieu de tout c’fatras de plantes. Ma mère grimpait aux arbres comme un vrai lémurien, cueillait des fruits dans des hauteurs inaccessibles, et ensuite Jenny nous disait d’un coup d’œil s’ils étaient comestibles ou pas. Sans eux, on s’en s’rait jamais sortis, c’est certain.
On a marché, marché, marché, jusqu’à plussentir nos pieds, jusqu’à qu’nos grolles rendent l’âme et qu’on doivent continuer sans rien. Le cinquième jour, Bee est morte. Mordue par une bestiole, une araignée ou un insecte, et Jenny n’a rien pu faire. Le neuvième jour, Vanda a été emportée par les eaux, alors qu’on tentait d’traverser une rivière. Birdy a voulu plonger pour tenter d’la sauver, on a dû la retenir.
Sans la femme de sa vie, elle voulait mourir aussi, mais on l’a forcée à continuer. Surtout moi, parce que j’avais l’impression de très bien comprendre c’qu’elle ressentait, mais qu’je savais bien qu’il fallait continuer à avancer, un pas après l’autre, encore et encore. J’suis une battante, j’ai toujours eu la rage de vivre et de vaincre, et j’voulais qu’Birdy aussi trouve cette force-là en elle.
J’me suis aussi rapprochée d’Mok, parce qu’on était seuls au monde. La nuit, on dormait dans les arbres, parce que c’était le plus sûr, et on se pelotonnait l’un contre l’autre comme des moineaux frileux, en écoutant le chant des perçards, et tous ces sons inconnus de la vie invisible qui grouillait autour de nous.
Le onzième jour, j’avais beau les avoir économisées autant qu’possible, j’étais arrivée au bout d’mes provisions et d’mes gélules. Fatalement, j’suis tombée dans les pommes, et les deux derniers jours, j’en ai aucun souvenir. J’sais pas comment ils ont fait, mais ils ont réussi à m’transporter, tout c’temps là, sur une espèce de brancard improvisé, et à me maintenir en vie en m’faisant ingurgiter la sève sucrée d’une plante spéciale.
À mon réveil, j’étais dans un vrai lit. Enfin, une paillasse miteuse, mais c’était mieux que tout c’que j’avais pu avoir pendant ces treize derniers jours. On était enfin arrivés à Nordri, et on avait pu pénétrer dans la ville, par je sais quel miracle. Pendant mes deux jours de blackout, Raph aussi avait disparu. En pleine nuit, sans un cri et sans laisser de traces. Personne sait c’qui a pu lui arriver.
Pendant quelques jours, on a été hébergés chez un ami de Thanos. Ma mère et lui avaient quelques connaissances dans les bas quartiers d’Nordri, j’ai aucune idée d’comment et depuis quand, y a quand même un sacré mystère qu’entoure ma mère et toute ces histoires. Mais bref, grâce à ça, elle a très vite pu retrouver un poste de danseuse, et même deux, dans des clubs dégueulasses. Ils la payaient une misère, et ils ont osé lui dire qu’elle était un peu vieille et qu’sa carrière était derrière elle. Ça m’fout dans une putain d’rogne, parce qu’à Sudri elle était adulée, qu’elle a que 35 ans et qu’elle est encore superbe !
Mais du coup, notre vie est devenue encore plus miséreuse. J’suis encore obligée de danser moi aussi, pas parce que Liane m’y force, mais parce qu’il faut bien rapporter d’la thune à la maison. Jenny, qui a décidé de s’refaire appeler Orchys, danse aussi, et elle arrondit les fins d’mois en s’prostituant un peu.
Pis j’ai voulu reprendre les combats clandestins, et Thanos a réussi à m’faire entrer au Wild Thing… Mais en tant que putain de barmaid. J’les ai tanné avec les combats pendant des semaines, j’faisais tout pour leur prouver ma valeur, et faut croire qu’ça a payé : la semaine dernière, Red Racoon, le boss, a fini par m’appeler dans son bureau pour m’proposer de commencer l’soir même, et montrer c’que j’avais dans l’ventre.
Évidemment, il m’a r’filé un gros lourdaud qu’j’ai dérouillé en moins de deux, et depuis ça, j’ai eu un combat chaque soir, après mon service au bar. Pour plus de sécurité, j'ai changé d'nom d'scène, maintenant j'me fais appeler Wildcat. C’est Racoon qui m’a donné l’idée. Quand j’suis allée l’voir, la première fois, il m’a dit, « Toi ? Tu veux t’battre ? Mais regarde toi, gamine, on dirait un chaton mal léché ! » J’leur ai bien fait savoir qu’le chaton pouvais sortir ses griffes… Mais pour l’instant, c’est encore trop facile, on m’propose rien du niveau de c’que j’avais réussi à avoir au Blue Plague. Faut reprendre de zéro, j’ai encore tout à leur prouver.
En attendant, on fait c’qu’on peut, tous, et on se serre les coudes. Entre Liane, Thanos, Orchys, Birdy, Mok et moi, après tout c’qu’on a traversé, maintenant c’est vraiment à la vie à la mort. On vit tous ensemble dans un taudis bien trop p’tit pour tout c’monde, sauf Thanos qui s’en sort un peu mieux et qu’a réussi à s’trouver un truc à lui. Mais j’dois surtout apprendre à vivre sans Zach, et ça, c’est un truc qui m’paraît plus insurmontable que d’battre le meilleur champion du Wild Thing.
► Zachary Guizdo, mon pote d'enfance, mon grand frère, mon meilleur ami... Il est « porté disparu », les mots polis pour pas dire mort. On a été séparés dans la jungle, en venant ici, et on sait pas ce qu’il est devenu. On l’suppose, mais on le prononce qu’à demi-mots. J’arrive pas à croire que j’l’ai perdu, comme ça, sans avoir eu l’occasion d’lui dire… Tout c’que j’avais à lui dire. Il me manque affreusement. Sans lui, la vie a un goût dégueulasse.
► Liane May, ma mère, la légende du Seven. Une ase clandestine ; aussi souple, bah... qu’son nom l'indique! Elle a rien perdu d’son talent ou d’sa prestance, et maintenant, elle bosse au Dollis et au Kraken. Tu devrais v’nir la voir danser, ça t’en met plein la vue! [PNJ]
► Mok, Mok tout court. S'il a un nom de famille, j'le connais pas. C'était un type avec qui j'trainais pas mal à Sudri, surtout quand on était en froid avec Zach. Il a fait le voyage avec nous, c’est un des rares survivants, et ça nous a forcément rapprochés. Ici, j’le soupçonne d’être entré dans un gang. Il s’en vante pas trop, parce qu’il sait c’que j’en pense, mais il deale un peu d’came pour leur compte. Enfin, j’peux pas vraiment l’blâmer, la survie est plus difficile que jamais, on a tous dû faire des entorses à nos principes pour s’en sortir. [PNJ]
► Orchys, anciennement appelée Jenny. C’était une employée du Seven et une amie de ma mère, encore une survivante de notre traversée. Ase non déclarée, elle a le pouvoir de guérir les empoisonnements, comme un antidote. Aujourd’hui, elle danse au Kraken avec ma mère, et elle se prostitue un peu. [PNJ]
► Thanos, c’était l’un des gérants du Blue Plague, et un ancien ami de ma mère. Un petit gars trapu avec une grosse panse, on pourrait l’croire lourdaud mais il est vif comme pas deux, et intelligent avec ça. C’est en bonne partie grâce à lui si on a pu survivre à notre traversée, et c’est aussi grâce à ses contacts à Nordri qu’j’ai pu être tout de suite embauchée au Wild Thing, même si c’était juste comme barmaid. [PNJ]
► Birdy, j’la connaissais pas avant notre périple, mais c’est devenue une très bonne amie. Elle a perdu sa copine dans la jungle, et elle a du mal à trouver ses repères et une raison d’continuer à Nordri… Comme moi, j’ai perdu Zach, on se soutient et on s’entraide, toutes les deux. J’essaie d’l’empêcher de s’détruire trop la cervelle avec des trucs chimiques. [PNJ]
“ Précisions ou informations complémentaires sur votre personnage : RAS
L ' A F T E R “ Nom de l‘avatar : Ellen Page
“ Comment avez-vous connu Walhalla : On s'est connus, on s'est reconnus, on s'est perdus de vue, on s'est r'perdus d'vue, on s'est retrouvés...
“ Présence sur le forum : Variable en fonction des aléas de ma vie, mais régulière.
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